Psiek déglutit avec difficulté, sentant le stress monter encore d’un cran. Elle commençait presque à regretter son pari…
On avait fait venir des femmes pour compter les poils de la jeune fille, et le nombre ne semblait jamais cesser d’enfler. Une seule jambe avait déjà dépassé plusieurs centaines, et l’on avait poussé le vice jusqu’à compter la secondes jambes. Des milliers et des milliers de coups de fouets s’annonçaient pour la demoiselle. Habituée à sa propre pilosité, elle n’aurait jamais cru qu’un si grand nombre de poils la parsemait. Elle n’allait pas survivre. Resterait-il au moins un morceau de chair pour l’enterrement ? Elle en doutait sérieusement.
De drôles de femmes coquettes étaient ensuite venues pour la parer de deux tissus fins et courts, ne cachant que sa nudité et sa poitrine. Fémence avait eut la délicate attention d’expliquer que les coups pourraient être portés n’importe où sur son corps. Même à travers le tissu.
Tandis qu’elle s’avançait lentement vers la potence où ses bras seraient attachés en l’air, Psiek ne put s’empêcher de se maudire mentalement. Son but premier était de survivre, et non pas de se suicider avec des idées idiotes ! Ses poils méritaient-ils qu’elle meurt pour eux ? Elle en doutait un peu. Mais avait-on droit de l’en dépouiller ?
Son sang se glaça lorsqu’elle entendit la voix du maître prononcer le nombre de poils parsemant son corps. Et encore, elle avait eut la chance que l’on ne compte que les poils durs, épais, voyant, et non pas le duvet fin qui parsemait ses bras, son ventre, son visage… Était-il encore temps de demander pardon ?
Peu importe, elle ne s’excuserait pas. Pas pour ça.
« La prisonnière a la possibilité de s’excuser. Si elle le fait, elle sera exemptée de coups de fouets et passera directement à l’épilation. » déclara froidement un homme, soulevant un brouhaha dans la salle. Beaucoup avaient parié sur les coups de fouet, très peu avaient parié qu’elle n’en recevrait aucun. Évidemment, l’Hôte était parfois imprévisible et taquin, certains s’étaient donc attendus à une potentielle annulation. Mais ils n’étaient qu’un poignée.
La jeune femme eut un moment de doute, après l’annonce. Elle pouvait échapper aux coups de fouet ? L’idée sembla lui plaire, mais elle se rappela d’un détail : L’Hôte semblait adorer jouer, faire des paris. Il lui semblait qu’il était plus risqué d’annuler ce pari que de subir les coups de fouet. Que se passerait-il alors ? Peut-être qu’on la forcerait à s’égorger seule… Elle préférait ne pas y penser, ses poils se dressant sous les frissons d’angoisse. Elle était en terrain ennemi. Elle ne devait pas agir sous des coups de tête, même si elle l’avait déjà fait.
Après une grande inspiration, la prisonnière déclara vouloir respecter son pari et ne pas se défiler sous l’effet de la peur. Elle redressa par ailleurs son regard et put croiser celui de son maître, dans l’ombre. Elle n’était pas sûre, mais elle crut voir s’esquisser un léger sourire. Était-ce un piège ? Il y avait de fortes chances. Personne ne savait jamais à quoi s’attendre…
Fémence sortit de l’ombre au bout de quelques secondes, après s’être penché auprès du maître. Toutes les personnes présentes l’observaient attentivement. Une personne un peu folle avait parié que le maître annulerait complètement les coups de fouet. Une autre avait « prévu » que la virginité de la jeune fille soit finalement vendue. Tout pouvait arriver avec un être aussi imprévisible. Tous se souvenaient avec émoi le marquage de Mérisse… Personne ne l’avait prévu, à l’époque.
« Notre Hôte apprécie que tu tiennes paroles, malgré le nombre affolant de coups de fouet qui t’attend. Pour te montrer sa bonté, il a arrêté le nombre de coups à cent. » déclara finalement le roux, se retenant de sourire en entendant quelques perdants jurer dans leurs coins. On pouvait même entendre un homme crier de joie, ayant parié que le maître réduirait le nombre de coups. L’argent commençaient déjà à s’échanger entre certains.
Tout était question d’argent dans ce lieu. C’était du moins ce qu’il semblait à la pauvre Psiek qui se demandait encore si elle n’avait pas parlé trop vite. Cent coups de fouet. Elle savait pourtant qu’elle aurait dû s’attendre à un nombre bien plus grand. Et pourtant, dans un coin de sa tête… Elle avait prié pour que le maître apprécie son audace et annule tout. La demoiselle avait bien trop mal calculé son coup.
Un bourreau s’approcha finalement de la jeune fille et lui attacha les mains en hauteur, à ‘laide de chaîne, sur la potence. Un sourire mauvais s’esquissa sur son visage en voyant que le tissu qui couvrait sa poitrine semblait très mal tenir sur cette dernière. Il savait déjà qu’il frapperait davantage par ici, en évitant d’abîmer les seins, bien évidemment. Le Maître serait particulièrement furieux, sinon.
Il attendit un instant que els derniers paris se fassent et abattit un premier coup de fouet, sur le haut du dos. Psiek dut se mordre les lèvres avec violence pour ne pas lâcher de son, surprise d’une telle douleur. Une sensation brûlante restait là où le fouet s’était abattu. Elle n’osait pas imaginer lorsqu’un deuxième coup viendrait s’abattre au même endroit.
Pourquoi avait-elle pris une décision aussi idiote ? Mais maintenant qu’elle y était, elle se refusait de céder. Quitte à se couper la langue pour se retenir, jamais elle ne lâcherait de son. La jeune femme releva son regard vers le Maître et se mordit à nouveau les lèvres en sentant un second coup de fouet, sur le bas de son dos, cette fois-ci. Elle voulait montrer à cette chose qu’elle tenait ses promesses.
D’autres coups de fouet s’abattirent, le public comptant dans une joie affolante. Certains semblaient s’exciter lorsque l’on se rapprochait du chiffre qu’ils avaient choisi, mais l’énervement prit rapidement place. Vingt coups de fouet étaient passés et aucun gémissement n’avait pu être entendu.
Pourtant, la douleur était particulièrement intense pour Psiek. Elle ne pouvait empêcher son corps de sursauter à chaque coup. Sa peau semblait se tendre, tout comme chacun de ses muscles. De la lave semblait s’étendre dans tout son corps, elle avait l’impression que l’on glissait sans cesse des lames le long de son dos. Et elle n’en était même pas encore à la moitié…
Le quarantième coup faillit lui arracher un cri de douleur. Heureusement, la victime sentait lorsque le coup allait s’abattre, et elle pouvait se concentrer au maximum pour se contrôler. Néanmoins, elle n’avait pas prévu de se prendre une pierre en pleine tête, ce qui lui arracha davantage un cri de surprise que de douleur. Les yeux de Psiek s’écarquillèrent et elle jeta un regard désespéré vers son Maïtre. Elle s’était préparée aux coups de fouet, mais elle ne savait pas que l’on pouvait aussi lui jeter des pierres. La châtain s’attendait à ce que l’on déclare sa perte…
« Je n’aime pas les mauvais perdants. Qu’on le garde pour la suite, il recevra le double de coups de cette femme. » déclara froidement le maître.
Des gardes attrapèrent immédiatement l’homme qui tenta de se débattre, en vain. Des paris commençaient déjà à se faire sur cette nouvelle victime.
Psiek, de son côté, se sentit à moitié soulagée. Son cri provenant du coup de la pierre n’était pas compté comme défaite. Mais il restait encore soixante coups de fouet. Et elle sentait du sang commencer à s’écouler le long de son dos. Elle avait une horrible sensation de brûlure et de honte : le tissu couvrant sa poitrine était à moitié tombé, et n’importe qui pouvait observer son corps sans une once de respect. Elle ne se sentait plus femme. Elle n’était plus qu’un vulgaire bout de chair que l’on regardait sans aucune pitié.
Psiek avait l’impression de ne plus s’appartenir.
Ses yeux s’écarquillèrent sous le coup de cinquantième coup de fouet, lorsque celui-ci s’abattit sur ses cuisses. La blessée s’était mordu si fortement les lèvres que du sang commença à s’écouler. Le châtiment fut stoppé un court moment, le temps de vérifier qu’il ne s’agissait pas de la langue et qu’aucune mort ne risquait de surgir. La foule semblait rassurée de voir que le jeu allait pouvoir continuer. Mais au-delà de la folie des paris, autre chose semblait s’élever. Personne n’était sûr de savoir de quoi il s’agissait exactement. Il y avait comme une effervescence qui s’installait…
C’était la première fois que l’on pouvait observer un des objets de l’Hôte aller si loin. Aucune détermination n’avait été remarquée, avant elle. Une sorte d’admiration commençait à naître. Cette fille avait-elle seulement des sentiments, des émotions ? De la froideur semblait s’être installée sur son visage tandis que les coups continuaient de s’abattre. L’Hôte put comprendre une chose très importante : le public commençait à apprécier cette fille.
Tandis que d’innombrable plans commençaient à se dessiner dans sa tête, le sang continuer de couler sur le sol, ainsi que quelques larmes. Mais le visage de Psiek restait toujours froid et fermé. Il n’y avait plus de signe de sursaut lorsque les coups s’abattaient. Il n’y avait plus de regard écarquillé. Il n’y avait qu’un être de chair qui semblait attendre que la punition se termine. Personne ne pouvait savoir à quoi pensait cet animal. Pouvait-elle encore penser ? Était-elle réellement humaine ?
Les murmures commencèrent à grimper. Tous se remémorèrent la façon dont elle avait tué sa première adversaire. Ce jour-là encore, ils n’avaient vu qu’un animal sans la moindre émotion. Une bête féroce. Une tueuse. Ils ne devinaient que rage chez elle. Une colère terrifiante et excitante à la fois. Jamais ils n’avaient pu observer cela auparavant.
Une nouvelle excitation commença à gagner la foule.
Lorsque le centième coup de fouet s’abattit sur la chose, un silence s’abattit. Tous attendaient de voir comment elle allait réagir. Sa tête était baissée, on ne pouvait deviner ce qu’elle ressentait. De nouveaux doutes émergèrent sur sa possibilité de ressentir. Le Maître attendait lui aussi, curieux de voir si sa victime était encore en vie. Cent coups de fouet, c’était énorme. Surtout pour un être qui n’avait pas eut le temps de se remettre totalement de ses précédents combats.
« Oups, désolée… Je m’étais endormie. C’est déjà fini ? »
Des cris s’élevèrent tandis que Psiek releva le visage, affichant un sourire narquois. Son corps n’était plus qu’une boule de douleur, elle n’était même pas sûre de savoir encore respirer. Pourtant, elle avait voulu jouer la forte. Elle ignorait pourquoi, mais voir la foule l’admirer dans cette brutalité, sentir la tension à son maximum, comprendre que ce qu’elle faisait pouvait émerveiller… Tout cela avait créé en elle une sensation qu’elle n’avait jamais connu. Elle aimait surmonter cette douleur. Elle aimait paraître bestiale.
Et elle aimait ce sourire qu’elle pouvait observer sur les lèvres du Maître. Son Maître.