
Elle est belle.
Elle ne s’aime pas. Ses cheveux fourchus. Ses kilos en trop. Sa peau abîmée. Sa difficulté à créer un lien social.
Pourtant, elle est belle.
Le monde a beau être rempli, il n’y a qu’elle.
Elle qui rit, elle qui lutte, elle qui vit. Elle qui crée l’attente chaque matin. Un simple message. Un simple visage souriant. Un simple signe de sa part.
Ses cheveux ont un parfum exquis. On pourrait les caresser durant des heures. Ses fourches sont le simple signe d’une lutte capillaire. Et quelle lutte ! On pourrait l’admirer se battre durant des décennies. Encore et encore. Toujours…
Ses kilos sont moelleux, on a envie de les pétrir. Mordre tendrement dans la chair au péché de gourmandise. Elle vit et en profite. On ne veut pas la voir cesser. On veut l’accompagner, l’encourager, la porter : elle est heureuse ainsi. Et c’est tout ce qui compte.
Sa peau est fatiguée. Pâle et tirée, nos doigts veulent s’y glisser, s’y blottir. Caresser. Effectuer des lignes imaginaires pour l’apaiser. Sait-elle que son sourire suffit à tout illuminer ? Effacer chaque chagrin de ce triste monde ? Elle ne sait pas.
Son hésitation s’affiche à chaque rencontre. Ses efforts lui pèsent. Découvrir, supporter, continuer. Ou bien tout arrêter ? Se hisser au rang d’ami se mérite. Et quel prestige ! Son rire est une médaille merveilleuse. La lutte en vaut la chandelle.
Elle est belle et elle ne le sait pas. Elle ne l’accepte pas. Elle ne m’écoute pas. Pourtant…
Sans me lasser, je continuerai de lui révéler.
Sweet Canari