Petit message avant de vous laisser entamer la lecture: Le Jouet n’est évidemment pas abandonné. Je vous propose ici une histoire plus « légère » pour vous apporter de la lecture en ce temps de confinement. Mon but sera évidemment de tenter de publier tous les deux jours si possible.

Un Coeur de glace a été choisi suite à un sondage sur Twitter. J’espère que vous saurez apprécier la lecture! (je travaille sur le résumé pour vous le poster en fin de journée)

 

Illustration

Prologue:

 

En deux cents ans, le monde avait bien changé. Si le racisme, le sexisme, l’homophobie avaient disparu… Ils avaient laissé place à une toute nouvelle forme d’intolérance.

C’était en tout cas le bilan que j’avais pu dresser depuis mon enfance. Et celui qui s’imposait à moi, sur ma droite, tandis qu’un de mes camarades subissait l’humiliation quotidienne dans cette école en perdition. Je tentais d’ignorer les rires gras qui s’amusaient de voir le pauvre élève trempé. Une part de moi avait un peu honte de ne pas lui venir en aide. Mais l’autre savait ce que je risquais.

Je n’étais qu’une simple mage de glace. Autrement dit, le fond du fond ici. Si l’on avait pu ajouter les sans pouvoirs au classement, ils seraient tout de même au-dessus de moi.

J’évitais le couloir principal de l’école, sachant ce qui risquait de m’attendre. Un attroupement de mage de feu et d’eau qui devaient se pavaner. Je les imaginais sans problème frimer et jouer avec une flammèche ou une bulle d’eau, s’attirant l’admiration des plus bas de l’échelle. Et attendre que quelqu’un comme moi passe dans le coin, pour me faire passer un sale quart d’heure. Ce ne serait pas drôle sinon…

Non, vraiment. Il ne faisait pas bon vivre pour une mage de glace. Encore moins depuis deux ans. Nous n’étions déjà pas très nombreux de base. Mais la tentative de triche qui avait eu lieu rendait les choses bien plus difficiles. Des parents commençaient même à tenter des techniques pour éviter que leurs enfants ne deviennent comme nous. Comme moi.

La honte de cette humanité.

Ma propre cousine avait tout tenté. Je ne l’avais pas vu une seule fois depuis le début de sa grossesse. Et je n’aurai pas droit de voir son enfant avant ses douze ans, lorsque son pouvoir apparaîtrait enfin. Elle ne mangeait plus rien de froid, évitait les bains trop tiède… Même le mot glace avait fini par disparaître de son vocabulaire. Une véritable obsession s’était créée autour de ce pouvoir.

Des millénaires d’évolution pour arriver au point de départ. Plusieurs personnes punies parce qu’elles ont un point commun avec un tricheur. Parce qu’elles ont eut l’erreur de naître ainsi. Elles ont eut l’erreur de ne pas pouvoir contrôler quelque chose d’incontrôlable…

Pourtant, ce n’était pas le plus gros problème de ma vie, actuellement. Oh que non. Il se trouvait bien plus haut. Insaisissable.

Chaque école de magie organisait chaque année un grand tournoi. Les récompenses des premiers étaient incroyables et pouvaient mener à d’autres tournois bien plus impressionnants. Au-delà des récompenses, il y avait aussi l’accès à des études supérieures de hautes qualités. Et un métier de rêve à la clef.

Mais depuis la tentative de tricherie d’un mage de glace, plus aucun mage de cette catégorie n’avait essayé de participer au concours. Il y a deux ans, il y avait quarante mages de glace. L’année d’après, vingt-cinq. Aujourd’hui, nous n’étions plus que dix… Que dix potentielles personnes pour représenter notre don. Pour faire connaître notre éclat.

Mais le soucis n’était pas là. Non, il était mille fois pire. Alors que les mages de feu étaient répartis dans plusieurs classes, bien trop nombreux, nous n’en avions qu’une. Et nous n’étions même pas suffisants pour la remplir. Nous coutions cher à l’école. Sans rien apporter en retour. Pas de trophée. Bien au contraire, c’était le déshonneur qui s’était abattu après la tentative de tricherie. La classe allait être dissoute.

Je ne savais pas où aller.

Le proviseur nous avait bien laissé une chance… Mais il s’agissait d’un objectif inatteignable. Sur plus de cinq cents élèves, l’un de nous devait terminer parmi les dix meilleurs élèves. Si cela arrivait, si un tel miracle pouvait se produire, alors la classe resterait telle qu’elle. Nous n’aurions pas de galère pour savoir quoi faire. Nous pourrions rester. Continuer. Dans la galère et la douleur mais… Mais continuer tout de même.

Pourtant, nous n’étions même pas disposés à tenter notre chance. Aucun de nous ne voulait se présenter. Il était davantage préférable d’abandonner, que de subir l’humiliation de perdre.

Après tout… Nous ne valions rien.