Chapitre précédant: Chapitre 13: Elle ne veut pas savoir

 

 

– « Je dois avouer que je suis agréablement surpris, Psiek. Tu porte enfin un véritable intérêt à ton apparence… »

Fémence arborait un sourire fier, faisant entrer la demoiselle dans une salle qui embaumé le parfum des roses. Il commença à lui demander ce qui l’avait fait changer d’avis, l’aidant à s’installer sur un fauteuil. Malheureusement pour, Psiek utilisait l’apparence comme une excuse. Elle avait surtout une idée derrière la tête et comptait bien l’exploiter.

La jeune femme observa la préposée aux soins sortir tout son matériel, haussant un sourcil. Elle l’arrêta immédiatement et expliqua qu’elle ne voulait qu’un soin des ongles, rien de plus. Psiek tenta de retenir un léger rire en entendant le soupire désespéré du roux. Peu importe…

La châtain demanda s’il était possible de lui faire des ongles en métal, légèrement pointu. Elle prit un air innocent, déclarant qu’elle aimait bien ce genre de formes et qu’elle serait enchantée si on lui accorder cette demande.

­- « Tu veux dire… Le genre de formes qui pourrait blesser quelqu’un ? Je ne suis pas sûr que ce soit autorisé pour tes combats… »

­- « Il ne s’agit pas d’une arme mais d’ongles. Et-ce que ça compte vraiment? » demanda Psiek, un peu embarrassée de voir que Fémence ne la laissait pas si facilement faire.

Depuis l’attaque de Mérisse, la jeune femme n’était plus aussi sûre d’elle durant les combats. Si la brune avait pu cacher une arme pour s’en servir durant le combat, qu’est-ce qui prouvait que les autres ne tenteraient pas de faire pareil ? Elle commençait à devenir une ennemie sévère, petit à petit. Rien ne lui garantissait que personne ne serait assez fou pour risquer sa vie pour atteindre la sienne.

De plus, si elle avait su éveiller la jalousie de l’autre psychopathe à cause de l’attention du Maître… Elle risquait de l’éveiller chez d’autres fanatiques qui ne voyaient que par lui. Elle avait bien trop avancé dans son projet pour prendre de quelconques risques.

­- « Bon… Je verrai avec le Maître. On peut toujours essayer quelque chose, en attendant. Je ne suis même pas sûr qu’il soit possible de faire une telle chose… »

Le roux secoua doucement la tête. Parfois, elle le désespérait. Depuis qu’elle était ici, elle ne voyait que par le combat. Il avait presque eut l’espoir qu’elle tente de s’embellir. Qu’elle essaye de l’attirer davantage. D’attirer le Maître. Mais non. La jeune fille restait fidèle à elle-même. Un peu rebelle, tout en respectant les règles. Enfin, là, il fallait avouer que c’était plus que limite.

Pourtant, la perspective de la voir taillader ses adversaires l’émoustillait complètement. Qui ne le serait pas, sincèrement ? Elle ne se rendait pas compte, mais son visage enragé, durant les combats, en excitait plus d’un. Il avait reçu plusieurs demandes de visiteurs qui voulaient partager sa couche. Et de très fortes propositions d’argent… Mais le Maître était catégorique : Personne n’avait le droit de la toucher.

Pour le moment.

­ – « Prends les empreintes de ses ongles. On va travailler sur la confection de faux ongles en attendant. Ainsi, si le Maître accepte, on aura plus qu’à coller tout ça sur ses ongles. »

La jeune femme hocha la tête et demanda à Psiek de poser ses mains sur la table, perplexe. D’habitude, Fémence aurait refusé une telle requête, sans même en parler au Maître. Qu’avait donc cette jeune fille de si spécial, pour attiser la curiosité de tous ? Pourquoi elle ?

Elle n’était pas spécialement belle, ne correspondait pas aux standards de beauté du Manoir et avait même enfreint les règles les plus importantes lors de son premier combat. Alors pourquoi ?

Tandis qu’elle passait une pâte collante autour des doigts de la demoiselle, la préposée aux soins sentit une rage grandir en elle. Une rage, mais surtout de la jalousie. Pourquoi elle ? Cela faisait pourtant trois ans que la préposée travaillait ici. Trois ans qu’elle exécutait n’importe quel ordre, sans jamais chercher à contredire le Maître. Même Mérisse, qui avait pourtant un rôle important, n’attirait pas autant la curiosité de leur bienfaiteur.

Alors pourquoi ?

La pâte ayant durci, la jalouse la retira délicatement, vérifiant l’état des empreintes. Une boule grandissait de plus en plus en elle, si bien que ses mains commencèrent à trembler. Son regard glissa par ailleurs sur l’un de ses outils de travail, songeant qu’il serait assez pointu. Quelqu’un qui manquait de respect au Maître et qui construisait ses propres règles n’avait pas le droit de vivre. Elle serait exécutée pour un te affront, elle le savait. Mais c’était pour le Maître.

­ – « Psiek. Tues-la. »

Moins d’une fraction de seconde passa avant que la châtain ne se lève soudainement, donnant un coup de pied dans le torse de la jeune femme pour la faire tomber au sol. Elle profita du cri de surprise de sa congénère pour saisir une paire de ciseaux, l’enfonçant dans sa gorge et la tuant d’un coup sec, le regard parfaitement calme.

Le silence s’installa quelques secondes avant que Psiek ne réagisse. Ses yeux se posèrent sur le corps sans vie de sa victime. Ses yeux étaient écarquillés, montrant qu’elle avait eut à peine le temps de comprendre ce qui s’était passé. Il valait mieux, dans un sens. Elle avait ainsi évité de ressentir une trop grande peur. La peur qui paralysait chacune des adversaires de Psiek. De la Faucheuse.

­ – « Pourquoi ? »

­- « Tu ne poses la question qu’après… C’est bien. Tu es bien plus réactive que je ne le croyais. »

Fémence toucha le cadavre du bout de son pied, expliquant qu’il avait senti une puissante colère en elle. Il l’avait vu observer un de ses outils, du coin de l’œil. Il demanda à la châtain si elle n’avait rien remarqué.

Cette dernière déclara que si. Mais elle savait qu’elle n’avait aucun droit de combattre en dehors de l’arène. Elle s’était mentalement préparée à dévier le coup. Rien de plus. Mais quand Fémence lui avait donné l’ordre… Son corps avait réagi tout seul, comme s’il avait été programmé pour répondre à ce seul ordre. Elle ne savait pas si elle devait se sentir rassurée ou inquiète.

­- « Désormais, tu auras droit de vie ou de mort sur les personnes de rang égal ou inférieur. Uniquement si tu sens que ta vie est menacée. Mais, tu ne seras pas obligée de te justifier… »

Le roux eut un sourire particulièrement effrayant, ce qui ne lui ressemblait pas. Il n’avait pas cet air tranquille et énigmatique de l’accoutumée. Psiek avait presque l’impression qu’une partie du jeune homme se dévoilait. Mais elle en doutait. Jamais il n’avait dévoilé quoique ce soit jusqu’à ce jour. Il avait sûrement un plan derrière la tête. Voulait-il la manipuler ?

C’était déjà le cas, puisqu’elle venait de tuer sous son simple ordre. Même si elle avait été en danger, son corps n’aurait jamais dû exécuter cet ordre. Qu’allait-elle faire par la suite, à sa demande ?

Psiek secoua doucement la tête, déclarant qu’elle ne tuerait jamais sans ordre. Il ne fallait pas qu’elle s’exécute si sa vie n’était pas mise en danger. Que deviendrait-elle, sinon ? Une bête assoiffée de sang et de violence… Ne l’était-elle déjà pas ? Parfois, quand son cœur pulsait davantage, quand ses pupilles s’agrandissaient devant le spectacle sanglant, elle se demandait s’il n’était pas déjà trop tard.

Mais peu importait. Tout ce qu’elle voulait, c’était se venger. Quitte à en perdre son humanité. Se venger, et retrouver ses parents.

Elle n’osait pas imaginer leur état en ce moment-même…

La châtain sortit de la salle aux côtés du roux, le laissant ordonner le nettoyage de la salle. L’odeur de sang s’était incrustée dans ses vêtements et elle savait parfaitement l’effet que cela provoquait chez Fémence. Elle devinait déjà ses pensées et ce qu’il voulait faire. Ce n’était pas réellement difficile de comprendre un homme, quand on avait la base.

Comment pouvaient-ils survivre en étant si esclaves de leurs propres pulsions ? Peut-être n’avaient-ils tout simplement pas envie d’apprendre à résister. Il était si aisé d’y céder, dans ce monde où leur place était dorée.

Pourtant, alors que Fémence lui ouvrait la porte de la salle de bain, Psiek glissa sa main dans la sienne et afficha un léger sourire, secouant la tête. Même si elle aimait ce qu’ils faisaient, elle voulait montrer qu’elle était encore maîtresse de son corps. C’était à elle de décider.

­ – « Pas maintenant. Je n’en ressens pas l’envie. »

­- « Je croyais pourtant que tu étais prête à apprendre… Je peux faire venir l’envie, tu sais ? Faire bouillir tout ton corps… »

Fémence afficha un sourire qui disparut rapidement. Elle semblait bien décidée à ne pas céder à ses caprices. Il songea un instant à lui ordonner de s’exécuter. Mais le jeune homme n’avait jamais eut à agir ainsi. Personne n’aurait songé à prononcer ce mot, en sa présence.

Non. C’était étrange. Étrangement excitant…

­- « Apprécierais-tu réellement de faire quoi que ce soit avec moi, alors que je n’en ai pas envie ? Me sentir réticente… Quel plaisir y a-t-il lorsque l’autre n’en ressent aucun, et qu’elle ne veut pas en ressentir ? Quel honneur y a-t-il à avoir les choses sans attendre ? »

Psiek s’approcha de Fémence et plongea son regard dans le sien. Elle avait tout étudier. Et elle ne le connaissait toujours pas. Mais une chose était sûre : il était très intelligent, bien plus qu’il ne voulait le montrer. Et il était différent…

La demoiselle sourit et referma la porte derrière elle. Elle patienta quelques minutes avant de pousser un soupire. Son corps se détendit instantanément en voyant une servante entrer pour s’occuper d’elle. Jamais elle n’aurait pensé qu’il accepterait. C’était du bluff total.

Cela se passait bien mieux que prévu.

Chapitre 15